Sol vivant et engrais verts
Des méthodes culturales agronomiques pour une pépinière au sol riche et vivant
Située désormais à 800 mètres du siège d’exploitation de la ferme, la nouvelle pépinière de la Bêlle Pomme est implantée sur une parcelle d’un hectare qui était auparavant une prairie, en bordure d’un bel étang qui assure les possibilités d’irrigation.
Il nous apparaît donc très important après avoir retourné la prairie de faire le maximum pour nourrir le sol et faire remonter le taux de matière organique, pour obtenir un sol vivant grace notamment aux engrais verts.


Nourrir et enrichir le sol de façon organique et naturelle
Des engrais verts pour un sol vivant et une rotation des cultures
Une culture d’engrais verts composée de vesce, moutarde, seigle, blé précède donc les plantations de porte-greffes qui passeront une année en terre avant d’être greffés. Du fumier de brebis bio est auparavant étendu sur toute la surface qui accueillera les prochains plants.
La culture d’engrais verts a donc une importance immédiate pour la culture qui va suivre, mais également pour avoir un maximum de matière organique dans le sol pour les cultures qui vont suivre les années suivantes. Une rotation sur trois ou quatre ans est ainsi pratiquée, permettant au sol de se reposer et de se régénérer avant la plantation d’arbres suivante.
Donner à manger au sol est donc une démarche bénéfique à long terme pour la parcelle, coûtant de l’énergie et des charges financières importantes mais qui seront largement rentabilisées par la suite par des cultures vigoureuses et saines.
Du fumier bio et du paillage
Ensuite du fumier est disposé sur le rang, protégé par un important paillage qui réduira la pousse de l’herbe, limitera l’évaporation de l’eau et permettra un sol meuble et une faune souterraine importante.
Deux bottes rondes (200 kg chacune) de paille sont ainsi déroulées sur l’inter-rang et ensuite disposées sur le rang d’arbres fruitiers.
Nous pourrons ensuite observer tout au long de l’année l’intérêt pour le sol de ce paillage associé à la fumure en l’écartant légèrement. Nous pouvons voir la présence de nombreux vers de terre qui jouent un rôle de laboureurs et aèrent le sol, le rendant ainsi très meuble.
Le sol reste toujours frais et humide, limitant donc les besoins d’irrigation.
Nous pouvons également voir de nombreux filaments de mycélium, ces racines de champignons qui participent à transformer la matière organique en éléments assimilables par les plantes, en créant également une symbiose entre les arbres et les engrais verts.
L’équilibre dans le sol entre ces différents éléments participera donc à avoir des arbres les plus forts et sains possible, réduisant ainsi les risques de maladie.
Trèfle
Sur l’inter-rang est semé du trèfle blanc et violet qui empêchera la pousse de toute les autres herbes indésirables par son couvert important et surtout qui fournira de l’azote assimilable par les arbres grâce à ses nodosités qui fixent l’azote de l’air. Le trèfle est broyé mécaniquement tout au long de la saison de culture, apportant ainsi de la nourriture au sol, puis servira également d’amendement organique au terme de la rotation triennale qui accueillera de nouveaux arbres quelques années plus tard.
Irrigation de la pépinière au goutte à goutte
Irrigué par un étang
Un étang est présent en bordure de la parcelle de la pépinière. Alimenté par les eaux de ruissellement, il abrite et accueille de nombreux animaux et plantes (poissons, faune aquatique, oiseaux, grenouilles, couleuvres vipérines, nénuphars, saules, etc …). Il participe donc à une certaine richesse et équilibre écologique en bordure de la pépinière.
Il offre également la possibilité d’irriguer la pépinière pendant la période estivale, voir en début de saison (février) lors de la plantation des porte-greffes si l’hiver et le printemps sont trop secs.
Système au goutte à goutte
Un système d’irrigation par goutte à goutte est donc mis en place chaque année sur le rang qui permet de conforter les besoins en eau des arbres fruitiers et des porte-greffes.
La pompe thermique est mise en route tous les deux ou trois jours (tôt le matin ou tard le soir pour limiter l’évaporation) pendant trois heures, apportant ainsi 6 litres à l’heure d’eau bienfaitrice aux arbres.
Nous avons pu observer que grâce au paillage du sol le besoin d’irrigation par goutte à goutte n’était nécessaires presque uniquement lors de périodes de canicule estivale (juillet-août).
Les prédateurs de la pépinière
Le Campagnol
Le prédateur principal de la pépinière ainsi paillée est le campagnol qui peut ronger les racines sucrées et donc entraîner la mort des arbres.
C’est parfois l’argument principal pour arrêter la pratique du paillage sur le rang car le campagnol se cache dessous et creuse ses galeries à l’abri des prédateurs. L’autre option est donc un désherbage mécanique au pied des arbres, assez coûteux en temps et en énergie (à la pioche ou au tracteur !).
Pour l’instant il n’y a que peu de dégâts de ce côté là, croisons les doigts pour que cela reste limité !
Le Chevreuil
L’autre prédateur important est le chevreuil qui va grignoter la sommité des arbres et frotter ses bois contre les troncs. La conséquence pour les arbres greffés (si ils ne meurent pas) est qu’ils deviennent invendables.
Dès la première année cet animal a bien montré sa présence et commencé ses petits dégâts sur les porte-greffes.
Une demande de financement intégral de clôture électrique a donc été soumise à la fédération départementale de chasse de l’Ardèche. Une fois cette demande acceptée, une belle équipe d’une dizaine de chasseurs de la commune est venu m’aider à mettre en place cette imposante clôture composée de 8 fils électriques sur 1,70 mètres de haut juste avant la deuxième année de culture et les premières greffes.
Les autres prédateurs potentiels de la pépinière peuvent être les pucerons, les insectes piqueurs, les maladies cryptogamiques sur le feuillage des arbres.
Nous pouvons lutter contre ceux-ci grâce à des épandages de savon noir, décoctions de plantes et d’ail, d’extraits fermentés d’ortie, prêle, fougère, etc…
Une ferme diversifiée aux mille fruits et un verger conservatoire
Une pépinière diversifiée
Outre les deux activités principales que sont la pépinière d’arbres fruitiers et le troupeau de brebis, la ferme de la Bêlle Pomme c’est également de multiples autres productions qui forment une petite ferme diversifiée riche en savoirs et en pratiques à partager et à transmettre : volailles et verger (pomme, poire, kiwi, figue, prune, abricot, pêche, coing, noix, noisettes et châtaignes), potager, petits fruits (fraises, cassis, groseilles, framboises), vigne et raisin de table, cueillettes sauvages…
Une ferme en autonomie alimentaire
Ces différentes productions assurent une autonomie alimentaire sur la ferme et une activité de formation et de transmission de savoirs au grand public est envisagée à moyen terme.
De nombreux arbres fruitiers de haute-tige (francs) ont été plantés sur les 6 hectares de prairies entourant la ferme, en association avec le pâturage des brebis (prés-vergers).
Variétés anciennes
Une centaine d’arbres avec une cinquantaine de variétés anciennes différentes est donc présente sur la ferme, véritable verger conservatoire participant ainsi à la biodiversité, à la richesse patrimoniale et au maintien de ces variétés, mais aussi réservoir génétique ou puiser pour la multiplication par greffage de ces variétés à destination de la ferme, des particuliers, arboriculteurs ou encore collectivités locales de la région.